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Les animaux ont-ils de la mémoire ?

  • Photo du rédacteur: Valentin Rionceny
    Valentin Rionceny
  • 5 oct. 2024
  • 5 min de lecture
Soleil en activité

Mémoire de poisson rouge, mémoire d'éléphant… certaines expressions françaises évoquent la mémoire du règne animal. En cette Journée mondiale des animaux, intéressons-nous à leurs capacités mnésiques. En ont-ils et si oui, quelles sont-elles ? Quelle mémoire, pour quelle espèce ?


Par Véronique Laroche-Signorile               

Publié le 04/10/2024       


Sommaire


Corvidés, mammifères, primates, animaux domestiques… Le monde animal est-il doté ou dépourvu de mémoire ? Certaines espèces sont reconnues comme étant intelligentes, tels les perroquets ou les singes. À l'inverse, l'homme à tendance à en considérer d'autres comme bêtes.


Êtes-vous certain que la poule domestique n'a pas de mémoire ? Les animaux peuvent-ils s'appuyer sur le passé pour se projeter dans le futur ? Quelles sont les espèces animales qui ont des capacités mnésiques ? Comment expliquer le fait qu'un écureuil soit capable de retrouver l'hiver ses provisions cachées dans de multiples endroits ? Sur quoi s'appuie cette mémoire ?


Les animaux ont-ils de la mémoire ?


Le sujet de la mémoire des animaux intéresse les chercheurs depuis de nombreuses décennies. Ils ont ainsi pu constater qu'il existait chez certaines espèces animales non pas une mémoire mais des mémoires, comme chez les êtres humains. 

La mémoire animale peut être spatiale, comme en témoigne l'exemple des saumons qui savent retourner dans la rivière où ils sont nés, ou les tortues marines qui sont en capacité de revenir pondre sur leur lieu de naissance, en parcourant des centaines de km. 

Cette mémoire peut aussi être visuelle, temporelle, relationnelle... Chaque espèce a une forme de mémoire ne serait-ce que pour vivre et survivre, s'adapter à son environnement, aux situations rencontrées : éviter les prédateurs ou bien encore reconnaître ses congénères, chercher son alimentation, etc. Les espèces animales peuvent ainsi apprendre un certain nombre de comportements, s'en souvenir et les utiliser ensuite selon les situations auxquels ils sont confrontés.


Les chiens ont une mémoire qui s'appuie notamment sur l'olfaction. Ils ont un odorat particulièrement développé, ce sont de fins limiers, capable de retrouver la trace des personnes disparues par exemple. Dans leur vie quotidienne, ils s'appuient sur les informations laissées par les odeurs : tout comme les chats, ils peuvent ainsi, dans le quart d'heure qui suit, sélectionner parmi plusieurs gamelles celles dans lesquelles ils ont déjà mangé. 


Souvenons-nous aussi du célèbre chien primitif japonais Hachi (diminutif d'Hachiko), de race Akita inu. Il se rendit pendant une dizaine d'années à la gare de Shibuya à Tokyo, chaque soir, attendre son maître, décédé un jour à l'Université lors d'une conférence sur son lieu de travail.  


Mais les capacités de mémoire ne sont pas les mêmes selon les espèces. Ainsi, les chercheurs ont découvert que c'est deux années après une séparation qu'un ovin oublie le visage d'un congénère.


Quels sont les types de mémoire présents dans le monde animal ?


Les scientifiques ont découvert l'existence de plusieurs mémoires chez les animaux sauvages et domestiques. Intéressons-nous aux 4 mémoires suivantes :

La mémoire procédurale

Il s'agit d'une mémoire simple, qui est basée sur un apprentissage simple. Elle comprend en particulier les conditionnements. Les animaux de manière générale ont cette mémoire procédurale. Le dressage s'appuie sur cette mémoire. Cela fonctionne aussi bien pour un chien, au moment de son éducation, que pour une poule (ou un poulet). En effet des études ont démontré qu'elle sait comprendre une consigne simple (appuyer sur un rond ou un carré par exemple sur un écran) pour recevoir une récompense.

Cette mémoire peut aussi se faire en observant un autre congénère faire quelque chose : une souris qui observe une autre souris appuyer sur un levier pour obtenir de la nourriture, va apprendre cette action et s'en souvenir le moment venu pour récupérer à son tour de la nourriture. Le chaton apprend et mémorise lui aussi en observant sa mère. Ce mode de transmission et de mémorisation se fait chez de très nombreuses espèces.


La mémoire de travail


Cette mémoire s'appelle également la mémoire primaire : elle permet aux animaux, comme chez l'homme, de mémoriser et de manipuler des informations en temps réel.

Ludovic Calandreau, directeur de recherche à l'INRAE et spécialiste de la mémoire et du comportement chez les oiseaux détaillait cette mémoire lors d'une conférence en 2021 lors de Semaine de la mémoire à Tours. Il s'appuyait sur des études scientifiques faites sur la poule : des tests en laboratoire ont permis de prouver que les poules ont de la mémoire : elles étaient capables de mémoriser la couleur de ronds présentés sur un écran, en sachant piquer 5 fois le symbole pour avoir accès à la phase de choix et ensuite reconnaître les 2 ronds de la même couleur.

Des chercheurs italiens ont pu démontrer que des poussins à l'éclosion sont capables de faire des calculs mentaux simples (additions et soustractions très simples, en faisant appel à sa mémoire.)


La mémoire épisodique


Cette mémoire consiste à se souvenir d'un événement, de son lieu et du moment où il a eu lieu : on pourrait le résumer par « quoi, où et quand ? ». Cette mémoire existe notamment chez les corvidés : le geai bleu, par exemple, est ainsi capable de retrouver la nourriture qu'il a cachée, en se souvenant du type d'aliment déposé, du moment où il l'a fait et de l'endroit exact. Ainsi, cet oiseau ne prendra pas la peine d'aller rechercher tel aliment dans telle cachette, car il sait qu’il y est depuis trop longtemps et que les vers l’ont attaqué.

D'autres espèces comme les chimpanzés sont aussi en capacité de revenir dans le passé pour planifier le futur : déplacer un campement pour le rapprocher d'un fruit disponible et accessible à une certaine époque et à un moment de la journée.


La mémoire sociale


Cette mémoire, présente aussi chez les animaux, permet une appartenance à un groupe. Ils savent ainsi :

  • reconnaître les étrangers au groupe

  • connaître les relations de dominance ou de subordination 

  • reconnaître le bon partenaire sexuel (en bonne santé, éviter la consanguinité…)

  • reconnaître la mère pour un petit et inversement

  • reconnaître un frère, un jumeau


La mémoire animale fait appel à l'odorat, la vision (représentation mentale du congénère, reconnaissance faciale) mais aussi l'audition : chez les ovins, une brebis sait reconnaître son agneau grâce à son bêlement (en mémorisant des éléments du cri). Il en est de même pour de nombreux mammifères marins femelles qui entendent les vocalises de leur petit et le reconnaissent parmi une colonie composée de centaines d'individus. 

Une meilleure connaissance du monde cognitif social et mnésique (mémorisation des liens sociaux par exemple) des animaux permet d'améliorer la prise en charge du bien-être animal et de davantage les respecter.







 
 
 

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